1967
Hors ligne
Inscrit le: 12 Juin 2007 Messages: 342
|
Posté le: Dim 17 Juin - 11:10 (2007) Sujet du message: Dans la tête de mimi femme au foyer/Détournement de majeurs |
|
|
""Vendredi 1 juin 2007 Julien Doré, Détournements (de) Majeurs
Julien Doré vient d'inventer le "détournement de majeurs", dixit l'ineffable André Manoukian, et ce n'est pas une horde hystérique de minettes pré-pubères qui pourrait contredire cette idée, tant il apparaît de semaine en semaine que la nouvelle star francophone du télé-crochet échappe à toute vélléité, aussi coercitive qu'elle puisse être de la part d'une grosse production, de mise en boîte cathodique et médiatique pré-formatée, pour séduire un public tout aussi étendu qu'inattendu.
Tout le monde en parle, c'est bien simple, ados et quinquas, ouvriers et cadres sup, béotiens et Docteurs ès Arty, jusque dans la cafète de Libé, la Matinale de Canal, les colonnes de Metrofrance.com et de 20minutes.fr ou encore les forums de Radiolibre.be.
Et tout le beau monde de s'interroger sur le phénomène Julien Doré. Prodige ou produit? Inventeur ou faussaire? Artiste ou performeur? Pour tous ceux (dont je suis) qu'il fascine, comment expliquer en effet cette attente dans laquelle il nous met à chaque sortie baltardesque, une attente très justement mise en exergue par Manu Katché?
Est-ce le résultat d'une sur-consommation de real-TV et de video-clips, du nivellement par le bas de la culture musicale et du niveau d'exigence des enfants de la télé que nous sommes? Bref, est-ce le résultat de la télécratie ambiante?
Ou bien la nostalgie peut-être? Nostalgie des Higelin, Bashung, Dutronc, Gainsbarre, nostalgie de tous ces types ingérables et hypercréatifs qui ont fait les heures passionnantes d'une scène française grand public quand aujourd'hui, ouvrir sa gueule et proposer autre chose qu'une soupe insipide et calibrée au décibel près semblent constituer un délit? N'y aurait-il pas là un éclair dans la torpeur généralisée d'une société puritaine et conservatrice, anémiée et stérilisée?
Et si, tout bonnement, Julien avait du talent, un joli paquet de talent parfumé de génie?
Oui parce que objectivement, ce gamin qui n'a que 24 ans et derrière lui cinq années de Beaux-Arts dans cette belle ville de Nîmes et deux groupes underground à son actif, The Jean d'ormesson Disco Suicide et le Dig up Elvis, nous propose bien plus qu'une voix et un jeu de scène, certes déjà très étudiés et personnalisés.
Quand il reprend des succès planétaires hyper produits ou des tubes français niaiseux, le résultat outrepasse de loin le simple recyclage en même temps qu'il éclipse totalement les sages reprises de ses camarades de jeu. Et sauf à penser qu'on est manipulés et qu'un grand manitou super inspiré se cache dans les coulisses de Fremantle, il faut bien avouer que son bidouillage des textes et des partitions, y compris des plus grands, est diablement intéressant et bluffant.
Des effluves de Tango argentin dans "les Bêtises" de Sabine Paturel aux remontées de Ska dans le "Baby one More Time" de Britney Spears, pour s'en tenir aux dernières moutures, c'est peu dire que Julien a de la suite dans les oreilles.
Et que dire de la pensée du garçon quand il fait voler en éclat l'idée même de l'interprétation et de l'appropriation d'une chanson (propres à la reprise musicale) en osant remettre en question le texte d'un auteur et "contester" de la sorte sa propriété intellectuelle?
Faut-il y voir une démarche conceptuelle ou bien une provocation immature quand il décide d'injecter des "lacéré ton Cocteau", "tout relu Françoise Dolto" et "m'suis saigné aux pieds du lit" dans les paroles des "Bêtises" ou encore un "j'ai l'aphorisme dadaïste" dans celles de "Moi Lolita", pour ne citer que cela?
Et en parlant du courant dada (et ses célèbres collages -cf ci-dessus- et autres carambolages) et d'un de ses illustres représentants Marcel Duchamp (créateur du Ready-Made) dont semble se revendiquer notre Julien (avec force tatouage et piratage textuel), se pourrait-il en fin de compte qu'il ait pleinement conscience de sa démarche "d'invention par recombinaison" en aspirant à devenir la figure française d'un genre nouveau de "détournement musical", comme il en existe déjà outre-atlantique avec Richard Cheese par exemple, dont il avait repris souvenez-vous la version de "Like a Virgin" de Madonna lors du premier prime? Comme un hommage à son mentor par analyse rétrospective? Ce qui infirmerait donc la thèse du plagiat évoquée à maintes reprises.
Quoi qu'il en soit, Julien Doré est bel et bien un phénomène.
Out of space, déjà hors du programme, comme l'a fait remarquer Marianne James.
Out of time, survolant les fossés générationnels, se jouant des courants et vents contraires, dynamitant les étiquettes et faisant valser les tiroirs, générateur et acteur de sa propre bulle, une bulle en perpétuel mouvement dont on n'a pas encore saisi toutes les énergies et les influences, ni le potentiel inventif et s'il en est vraiment un.
Mais tout cela le propulse déjà bien au-delà du personnage so charming, so sexy qui émoustille les jeunes filles en fleur."" Par MIMI _________________ If Beethoven had been killed in a plane crash at the age of 22, it would have changed the history of music... and of aviation. Tom Stoppard |
|